Audition de Mathieu Gallet, Président de Radio France

Le nouveau Président de Radio France, Mathieu Gallet, était auditionné ce mercredi par la commission culture de l’Assemble nationale.

L’occasion pour Barbara Pompili de rappeler l’importance du dialogue social au sein du groupe notamment dans le cadre des négociations de la future convention collective. Elle a notamment demandé des garanties pour qu’il n’y ait pas de plan social.

La députée a par ailleurs insisté sur l’intérêt que peut représenter le renforcement des synergies entre radio et télé, sur la radio numérique terrestre, sur le renforcement des moyens de France Bleu, sur le soutien à la création et aux jeunes artistes.…

Barbara Pompili a également rappelé l’importance pour les écologistes de garantir la gratuité des services proposés par le service public de l’audiovisuel : rendre payants les podcasts au bout d’un certain temps ne doit pas être une option possible.

***

" Monsieur le Président,

Monsieur Gallet,

Tout d’abord, je souhaite vous remercier pour votre présence parmi nous.

Ces moments d’échanges sont d’autant plus importants pour les parlementaires qu’un nouveau Contrat d’objectifs et de moyens devrait prochainement être discuté.

Ce sont les négociations et la signature de ce COM qui permettront véritablement de définir les orientations stratégiques sur 5 ans de Radio France avec la déclinaison de moyens qui doit aller de paire.

Mais cette audition - qui fait suite à votre nomination - est l’occasion d’appréhender avant l’heure la vision stratégique que vous porterez pour le groupe.

Sur le fond, une de vos principales ambitions semble être de voir radio France relever le défi du numérique. C’est là un axe qui semble tout à fait pertinent.

Par rapport au maillage territorial tout d’abord.

Parce que 20 % de la population n’a pas accès à France Info et 30% du territoire n’est pas couvert par France Bleu.

Faire le pari de la Radio numérique terrestre (RNT) pourrait permettre de résoudre ces problèmes de rupture dans la couverture du territoire.

J’aimerais beaucoup que vous nous précisiez votre position en ce qui concerne la RNT.

 

Toujours par rapport au numérique, pourriez-vous préciser votre position sur la question de « l’enrichissement mutuel des contenus éditoriaux des partenaires de l’audiovisuel public » ?

La mise en commun des ressources des différentes chaînes et le renforcement des synergies entre radio et télé fait ses preuves ailleurs. Je pense à la BBC par exemple.

Aujourd’hui, les barrières entre ce qui est vu ou écouté sont de plus en plus floues. Et développer des offres numériques communes  pourrait permettre d’ouvrir des nouvelles potentialités, de nouveaux usages bénéfiques pour l’ensemble des supports traditionnels à condition, bien entendu, d’être source d’enrichissement culturel.

L’exemple d’une plateforme numérique dédiée à l’information est souvent cité. France 24, France Info, RFI… Chaque chaîne apporterait ainsi ses spécialités qui seraient mise au service de tous.

Si ces réflexions devaient se poursuivre, il faudrait bien évidemment y associer les directions et salariés directement concernés pour que tout le monde s’y retrouve et partage ce projet collectif.

Vous le savez, il est essentiel d’associer les personnels aux évolutions envisagées.

Cela m’amène à vous questionner sur la nouvelle convention collective qui devrait être signée avant la fin de l’année.

Comment envisagez-vous les choses sur cette convention collective ?

La gestion des emplois précaires et des intermittents est d’ailleurs un point que lequel nous serons particulièrement attentifs.

Si vous pouviez nous en dire un peu plus à ce propos et nous garantir qu’il n’y aura pas de plan social ?

Autre point sur lequel j’attire votre attention : vous évoquez dans votre rapport d’orientation la nécessité de « rééquilibrer les ressources du réseau France Bleu ».

Vous connaissez très probablement l’attachement des écologistes aux identités régionales aussi vos ne serez pas étonné que, plutôt que de parler de « rééquilibrage », nous préfèrerions que France Bleu bénéficie de ressources supplémentaires permettant de développer son réseau.

 

Concernant Le Mouv’, vous avez parlé de la réorientation de cette radio vers les cultures urbaines, pourriez-vous nous préciser cela parce que le CSA lui-même estime que les changements fréquents de ligne éditoriale nuisent à l’audience du Mouv’, ne craignez-vous pas qu’un nouveau changement soit prématuré ? Vous l’avez dit vous-même, le dernier changement date de novembre 2013.

Avant de conclure, je souhaite dire quelques mots sur votre souhait de repenser « à l’aune de la révolution numérique en cours » ce que vous appelez la « culture du  tout gratuit » du service public.

Soyons clair, Radio France étant financée dans sa plus grande partie par la redevance audiovisuelle (615 millions d’euros), et donc par le contribuable, il ne saurait être question de demander aux citoyens une contribution supplémentaire.

La gratuité des services proposés est essentielle, d’autant que ceux-ci sont déjà financés par le contribuable.

Donc, vous vous en doutez, nous sommes totalement opposés à toute création de « système de valorisation des services additionnels ». En bref, rendre payants les podcasts au bout d’un certain temps. Pour nous ce n’est pas une option possible.

Ces considérations m’amène à vous interroger sur RF8 que vous ne mentionnez pas dans votre rapport alors qu’il s’agit d’une chaîne entièrement numérique.

Pourriez-vous nous garantir que la gratuité de RF8 sera maintenue ? Rendre payants les abonnements serait à notre sens une grave erreur.

Et comptez-vous continuer et soutenir cette expérience originale et intéressante qui pourrait séduire des publics jeunes, habitués à des consommations musicales différentes.

Enfin, je conclurai sur une note positive pour vous faire part de tout notre soutien dans votre volonté affichée de soutenir la création et les jeunes artistes."

Equipe de Barbara Pompili

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