Budget enseignement scolaire : l'école doit être inclusive

Budget enseignement scolaire : l'école doit être inclusive

Barbara Pompili est intervenue en séance publique sur le budget de l’enseignement scolaire pour 2016. L'occasion de revenir sur les enjeux budgétaires qui doivent permettre à notre système éducatif d'être capable de s’adapter aux différences et aux difficultés de chaque élève. Rendre l'école inclusive, c'est investir pour l'avenir.

 

 

Madame la Présidente, Madame la Ministre, Monsieur le Président de la commission, Monsieur le rapporteur, Mes cher-e-s collègues,

Ce budget de l’enseignement scolaire prolonge avec cohérence la Refondation de l’école ainsi que les réformes à venir en 2016. Il est encore en hausse ce qui, dans le contexte actuel, peut être salué, car il s’agit là d’un secteur clé pour l’avenir de notre société. Comme je l’ai dit la semaine dernière : investir pour notre jeunesse, c’est se donner les moyens de construire les contours d’une société plus égalitaire où chacun dispose des mêmes droits et des mêmes chances de réussite.

Or, notre système éducatif est reconnu pour être élitiste et aggraver les inégalités. C’est en France que les performances scolaires sont le plus liées aux origines sociales. Nul doute aujourd’hui que la lutte contre les inégalités doit être une priorité et que l’Education nationale a un rôle majeur à jouer.

La plupart des mesures prises depuis 2012 portent d’ailleurs cette ambition. A commencer évidemment par la Loi sur la refondation de l’école qui a redonné la priorité au primaire et a restauré la formation des enseignants. Je pense aussi : à la scolarisation des enfants dès 2 ans, à la volonté de renforcer les dispositifs d’éducation prioritaire, à la réforme des rythmes scolaires qui se veut être un levier de démocratisation d’accès à la culture et au sport, ou encore à la réforme du collège.

Mais il faut aller encore plus loin. L’École doit être en mesure de s’adapter aux besoins de chaque élève en difficultés, que ces dernières soient durables ou non et quelle que soit leur nature : les enfants en situation de handicap, précoces, DYS ; les enfants en difficultés familiale ou sociale ; les enfants allophones nouvellement arrivés en France, ou issus de familles itinérantes et voyageurs…

La mission d’inclusion confiée à l’école de la République doit désormais s’inscrire dans la réalité et nécessite de ce fait un effort budgétaire plus important.

Tout d’abord, en ce qui concerne la formation des enseignants, la hausse des crédits est une bonne chose. Mais, elle est sans commune mesure avec celle des années précédentes alors que c’est par le biais de la formation initiale et continue que les différentes réformes engagées depuis le début de la législature prendront vie. D’où la nécessité d’en faire de véritables priorités budgétaires.

Pour permettre de nouvelles coopérations et dépasser les cloisonnements existants, les Espé doivent également mieux s’ouvrir à l’ensemble des acteurs œuvrant dans le champ de l’éducation.

La question de la place du concours doit aussi être reposée. Dans le format actuel, le M1 s’apparente à une année de bachotage. D’où le besoin de déplacer le concours en fin de L3, afin que les étudiants bénéficient réellement de deux années de formation.

Cette évolution permettrait sans aucun doute de mieux former les futurs enseignants aux enjeux de l’inclusion qui demeurent le parent pauvre de la formation, alors que la démarche d’inclusion nécessiterait justement d’être au centre de leur métier.

Ces réflexions doivent aussi être articulées avec la mise en place d’un vrai et large prérecrutement. Et si je suis très heureuse que l’académie d’Amiens accueille le nouveau dispositif des apprentis professeurs, il concernera moins d’étudiants que les emplois d’avenir professeur qui ont disparu à la rentrée. Nous devons dès lors être attentifs à ne pas baisser notre ambition de démocratiser les métiers de l’enseignement.

Par ailleurs, il convient de mieux valoriser les innovations pédagogiques et la diffusion des bonnes pratiques. Bien souvent, des « petits riens » pédagogiques peuvent remettre l’élève dans le train des apprentissages. C’est pourquoi il faut trouver les moyens d’encourager la mise en place de projets pédagogiques innovants dans chaque établissement.

Sur la question des effectifs, je salue bien évidemment les créations de postes, le principe du « plus de maîtres que de classe » - qui est pour moi un premier pas vers la coéducation - ou la plus grande professionnalisation des accompagnants. Mais il faut : pérenniser définitivement au moins 75 000 AESH, et remettre complètement sur pied les effectifs des RASED, et enfin remédier à la pénurie très dommageable de médecins scolaires.

Concernant l’internalisation des unités d’enseignement en milieu ordinaire et la transformation des CLIS en ULIS, je réitère ici tout mon soutien à cette dynamique.

Plus les cloisonnements s’estomperont, plus l’inclusion s’affirmera comme une norme. Mais le manque de places demeure criant et les réponses budgétaires paraissent encore insuffisantes.

Enfin, la démarche d’inclusion doit se retrouver à tous les niveaux : scolaire, périscolaire et extrascolaire. Or, beaucoup reste encore à faire pour affirmer ce continuum. L’accessibilité des élèves en situation de handicap aux activités périscolaires – malgré les efforts - demeure une réelle préoccupation.

En outre, la question de l’équité territoriale se pose au regard de la capacité des collectivités à proposer des activités périscolaires gratuites et de qualité, pour toutes et tous. D’où mon inquiétude face à la diminution du budget alloué aux « actions éducatives complémentaires aux enseignements » contribuant à la mise en place des projets éducatifs de territoire (PEDT).

Pour conclure, si nous voterons évidemment le budget enseignement scolaire qui va dans le bon sens, je ne doute pas que vous saurez, Madame la Ministre, être attentive à ces différents enjeux : car, nous en sommes tous d’accord, rendre l’école inclusive, c’est investir pour l’avenir.

Je vous remercie.

 

Rapport de Barbara Pompili sur l'école inclusive à lire ici : http://romainjoron.fr/rapport-sur-lecole-inclusive/

 

Equipe de Barbara Pompili

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