
Lundi soir, Barbara Pompili est intervenue en séance publique dans le cadre de l'étude du volet sport, jeunesse et vie associative du budget 2016. Si le soutien au service civique est une bonne chose, il ne faut pas qu'il se fasse au détriment des autres acteurs de la vie associative qui œuvrent, eux aussi au quotidien, en faveur du vivre ensemble. En ce qui concerne le soutien au sport, il faut concentrer nos efforts sur les équipements de proximité, sur les publics éloignés du sport ainsi que sur les zones rurales et les quartiers en difficulté. La politique sportive doit contribuer à la cohésion nationale.
L'intervention de Barbara Pompili :
Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, Monsieur le président de la commission, Messieurs les rapporteurs, Cher-e-s collègues,
Nous l’avons appris la semaine passée, le taux de chômage des jeunes a diminué en septembre pour le 4ème mois consécutif.
C’est un bon signal, car en cette période de crise et après les évènements tragiques de janvier dernier, la jeunesse doit rester la priorité de notre gouvernement. Et la multiplication de dispositifs, comme les contrats Starter, témoigne des efforts qui sont faits pour favoriser l’insertion des jeunes en difficulté sociale.
Je tiens donc à saluer la nette augmentation de 37% du budget alloué à cette mission.
Premier concerné par cette hausse budgétaire, le service civique voit ses crédits doubler afin d’atteindre 110.000 volontaires dès l’année prochaine et 150.000 en 2017.
C’est un choix important, car le développement du service civique est un levier permettant de retisser du lien social. Mais cette montée en puissance doit s’accompagner d’une réflexion plus large sur les conditions de ce déploiement. Je pense à la faiblesse des niveaux de rémunération des volontaires ainsi qu’à la qualité du tutorat ou encore aux besoins de formation, tant des tuteurs que des jeunes.
L’idée d’intégrer le service civique au compte personnel d’activité, évoquée en commission élargie la semaine passée, me semble d’ailleurs être une piste intéressante pour mieux valoriser le travail des volontaires.
Toujours est-il que le service civique représente désormais 77% du budget global du programme « jeunesse et vie associative », et cette concentration des fonds se fait mécaniquement au détriment de la vie associative, et cela interpelle.
Car ce sont les acteurs, associations, centres sociaux, qui favorisent l’implication des habitants, et notamment des jeunes, dans la vie citoyenne. Ceux sont eux qui sont au cœur de la vie des quartiers mais qui n’ont bien souvent plus les moyens d’agir comme ils le souhaiteraient pour assurer ces missions.
Je pense notamment au centre socio-culturel d’Étouvie, qui doit actuellement faire face à d’importantes difficultés financières mettant à mal son travail remarquable - et unanimement reconnu - avec les habitants dans un quartier d'Amiens.
Aujourd’hui, le tissu associatif traverse une crise grave.
Les travaux de la commission d’enquête parlementaire mis en place sur cet enjeu ont d’ailleurs exposé très clairement l’état critique dans lequel se trouvent bon nombre d’associations.
Or, rappelons-le : soutenir nos associations, c’est être en cohérence avec une co-construction des politiques publiques qui est bien souvent de mise, notamment en période de crise quand les besoins augmentent.
Les financements publics doivent donc être au rendez-vous. Et pourtant, les crédits dédiés au secteur associatif ne sont pas à la hauteur et l’année précédente, nous regrettions déjà cette trajectoire budgétaire.
Pour 2016, des diminutions sont notables, notamment sur les budgets alloués au fonds de développement de la vie associative (FDVA), aux fédérations nationales et régionales ou encore au fonctionnement des délégués départementaux à la vie associative (DDVA).
J’ai également été alertée par des associations picardes sur la baisse des crédits dédiés au Dispositif local d’accompagnement (DLA), qui soutient chaque année près de 6500 associations employeuses.
Aujourd’hui, dans ma région, le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, ce ne sont pas moins de 12.000 associations qui se mobilisent auprès de nos concitoyens en employant près de 171.000 salariés.
Autre outil formidable pour la cohésion nationale et la promotion du vivre ensemble : le sport !
Cette année encore, nous regrettons que l’écart entre les sommes allouées au sport de haut niveau et à la « promotion du sport pour tous » soit toujours aussi important.
Nous comprenons bien l’intérêt d’avoir un sport de haut niveau de qualité. L’excellence sportive est importante, car les bons résultats obtenus dans les grands évènements internationaux stimulent l’engagement dans les petits clubs et participent au rayonnement de notre politique sportive à l’international.
J’ai déjà fait part de mon soutien à la candidature de Paris aux JO 2024 à condition qu’elle s’inscrive dans une dynamique plus large de modernisation écologique du Grand Paris, avec des projets à la pointe en matière environnementale.
Ces Jeux doivent aussi être au service du vivre ensemble, en ouvrant réellement l’évènement aux personnes aux revenus les plus modestes et en faisant des associations sportives - qui sont véritablement sur le terrain - des acteurs de ces J.O.
Car le sport est également un facteur d’intégration sociale, je ne vous l'apprendrai pas. Comme je l’ai dit la semaine dernière, la promotion du sport pour tous exige de concentrer nos efforts sur les équipements de proximité, sur les publics éloignés du sport et sur les zones rurales et les quartiers en difficulté.
Je salue d’ailleurs le plan « Citoyens du sport », instauré en mars dernier, qui favorise l’éducation à la citoyenneté et la mixité sociale et de genre auprès des plus jeunes, notamment par le biais du dispositif SESAME visant à former 1500 jeunes aux métiers du sport d’ici 2017. Cette mesure va dans le bon sens et nécessiterait d’être élargie.
Le groupe écologiste votera donc ce budget, dont le fil directeur qu’est la lutte contre les inégalités sociales et territoriales doit être renforcé à travers chacune des politiques menées.
Je vous remercie.
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