
Barbara Pompili est intervenue jeudi dernier en séance publique sur le budget sport, jeunesse et vie associative. Elle a souligné le rôle clef du monde associatif dans la lutte contre les inégalités ainsi que celui du sport comme facteur du "vivre ensemble".
Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Président de la Commission,
Monsieur le rapporteur,
Chers collègues,
Ce budget doit avoir pour fil conducteur la lutte contre les inégalités territoriales et sociales.
Notre société doit être en capacité d’offrir aux générations actuelles et à venir les mêmes droits et les mêmes chances de réussite et d’épanouissement, indépendamment de l’origine sociale ou du lieu d’habitation des uns ou des autres.
D’où l’importance de ce budget qui illustre cette volonté d’agir concrètement en permettant à chacun d’entre nous d’avoir accès à un terrain de football, de savoir nager, d’apprendre à jouer de la musique et ce quel que soit notre âge, nos moyens ou notre lieu de résidence.
Ce budget doit également illustrer la mobilisation en faveur de la jeunesse.
Mais, pour redonner aux jeunes des perspectives pour leur redonner confiance : seule une approche interministérielle, multipliant les synergies au profit de la lutte contre les inégalités, sera efficace.
Prenons la réforme des rythmes scolaires, outil au service de la démocratisation de l’accès aux activités culturelles et au sport pour les écoliers.
Pour que cette réforme puisse déployer toutes ses potentialités, les passerelles entre l’Education nationale et les acteurs de la culture, la santé, l’éducation populaire, le sport, et la vie associative en général doivent être renforcées.
Concernant le service civique, principal levier de la politique en faveur de la jeunesse il s’agit là d’un outil intéressant contre les inégalités qui doit notamment contrer le décrochage scolaire et faciliter la réorientation ou l’insertion professionnelle des jeunes.
Autre intérêt de ce dispositif : il contribue à la diffusion d’une appétence pour l’engagement citoyen et donc pour le « vivre ensemble »…
Toutefois, comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire plusieurs reprises, si au regard des objectifs annoncés le manque de financements parait évident nous avons surtout besoin d’en faire un premier bilan, notamment au vu du manque de brassage social constaté.
La faiblesse des niveaux de rémunération des jeunes en service civique ainsi que leur statut posent également question.
Et il en va de même du tutorat à mettre en place et de la formation des tuteurs et des jeunes.
J’en profite pour souligner que les emplois d’avenir et leurs tuteurs ont les mêmes besoins.
Enfin, j’insiste sur nos craintes de voir la montée en puissance du service civique se faire au détriment des autres moyens consacrés à la vie associative et à l’éducation populaire.
Car, c’est bel et bien l’ensemble des acteurs de la vie associative qui participe à la lutte contre les inégalités et si les annonces concernant les conventions pluri-annuelles d’objectifs ou la mise en place d’un dossier unique de subvention vont dans le bon sens, nous considérons que le secteur associatif doit bénéficier de plus de soutien.
Car il s’agit d’être en cohérence avec la co-construction des politiques publiques qui est bien souvent de mise et avec la reconnaissance inhérente de ce qu’apporte le tissu associatif à notre société notamment en cette période de crise : car les besoins augmentent et les pouvoirs publics s’appuient de plus en plus sur ces acteurs pour nombre de missions.
D’où la nécessité de mieux soutenir les expérimentations.
D’où aussi l’inquiétude face à la diminution des fonds dédiés à la vie associative, comme le FDVA (fonds pour le développement de la vie associative) mais aussi face au recul des subventions aux structures de l’éducation populaire.
Et si mieux reconnaître et soutenir l’engagement des bénévoles est nécessaire, n’oublions pas également le problème de la précarisation des salariés des associations.
En tant que présidente du groupe d’études sur l’intégration des personnes en situation de handicap, je souhaite aussi insister sur l’attention spécifique qui doit être accordée à l’engagement associatif des personnes handicapées.
Si les spécificités de l’accès de ce public aux pratiques sportives semblent mieux prises en compte, l’engagement associatif ne saurait se limiter au sport et, même dans ce champ là, il faut aller encore plus loin pour atteindre les exigences de la société inclusive que nous évoquons si souvent.
Ce qui m’amène à évoquer la politique sportive dont nous sommes tous d’accord ici pour dire combien elle contribue au vivre ensemble.
C’est pourquoi, et cela ne vous étonnera pas, plutôt que les grands équipements à usage limité, nous souhaiterions que la « pratique du sport pour toutes et tous » bénéficie de plus de soutien.
Il s’agit de privilégier les publics éloignés du sport, mais aussi les territoires en privilégiant les équipements de proximité, les zones rurales et les quartiers en difficulté. Or, la réduction de l’enveloppe dédiée aux subventions d’équipements et les modifications des modalités d’attribution ne présagent rien de bon.
La presse vient en outre de se faire le relai d’une mesure qui, si elle devait être confirmée, serait inquiétante car allant à l’encontre des principes prônés : l’UEFA serait exonérée d’impôt pour l’euro 2016.
Et, au vu de l’importance des financements dédiés à l’Euro 2016, le manque de clarté quant au soutien de l’Etat au Gay Games est une autre source d’inquiétude. Utilisant les équipements déjà existants, cet évènement, ouvert à tous, contribue au vivre ensemble et à lutte contre les discriminations.
Enfin, les objectifs sociaux et environnementaux des projets financés mériteraient d’être mieux pris en compte.
En conclusion, nous voterons ce budget Monsieur le Ministre, mais nous espérons que nos craintes et doutes seront entendus et pris en compte.
Je vous remercie.
Pour visionner l'ensemble du débat en séance cliquez ici.
Commenter