
Barbara Pompili est intervenue en commission élargie, mardi 26 octobre 2015, dans le cadre de l'étude du budget sport, jeunesse et vie associative pour l'année 2016. La priorité donnée au service civique est une bonne chose, mais cela ne doit pas se faire au détriment du soutien aux acteurs de la vie associative qui œuvrent eux aussi, au quotidien, en faveur du vivre ensemble.
Intervention de Barbara Pompili :
Messieurs les Présidents,
Messieurs les Ministres,
Messieurs les Rapporteurs,
Mes cher-e-s collègues,
Plus que jamais, la lutte contre les inégalités doit être au centre de notre attention. Il s’agit de donner vie à un pacte républicain qui tarde à se concrétiser pour une grande partie de la population. Le développement du service civique constitue en cela un levier intéressant, et notamment pour la jeunesse.
Le doublement des crédits qui lui sont alloués pour 2016 est donc une bonne chose, qu’il faut souligner. Mais cette montée en puissance du dispositif ne doit pas se faire sans mener une réflexion plus large. La faiblesse des niveaux de rémunération des volontaires pose question, et il en va de même du tutorat à mettre en place et de la formation des tuteurs et des jeunes.
Par ailleurs, cette concentration des fonds qui s’effectue au détriment des autres politiques dédiées à la vie associative pose question.
Le service civique représente déjà plus de 77% du budget global du programme. Or, pour donner corps au service civique « universel » voulu par François Hollande et atteindre l’objectif des 150.000 volontaires en 2017, il faudrait selon la Cour des Comptes investir plus d’un milliard d’euros.
Cette situation interpelle, surtout quand on voit les difficultés auxquelles font face d’autres acteurs qui œuvrent quotidiennement sur le terrain, en faveur du vivre ensemble. Je pense à de nombreuses associations, qui effectuent un travail admirable, ou encore aux centres sociaux, comme le centre socio-culturel d'Étouvie, à Amiens, qui vit des temps particulièrement difficiles.
Ce sont ces acteurs qui favorisent l’implication des habitants dans la vie citoyenne, qui travaillent au plus près des jeunes et sont au cœur de la vie des quartiers. Mais, bien souvent, ils n’ont plus les moyens d’assurer ces missions
L’année passée, à la même époque, nous regrettions déjà cette trajectoire budgétaire, car le tissu associatif est en crise et la situation est grave comme l’avaient encore démontré les travaux de la commission d’enquête parlementaire sur cette question.
Malgré cela, les crédits qui lui sont dédiés ne sont pas au rendez-vous. Le budget alloué au fonds de développement de la vie associative (FDVA), aux fédérations nationales et régionales ou encore au fonctionnement des délégués départementaux à la vie associative (DDVA) diminue, alors même que les besoins sont énormes et ne cessent de croître.
Nous ne pouvons pas tout miser sur le service civique pour retisser un lien social devenu, malheureusement, extrêmement fragile.
Messieurs les Ministres, mon inquiétude est réelle. Comment entendez-vous mieux répondre aux besoins grandissants des acteurs de la vie associative et aux responsabilités que nous leur donnons de plus en plus ?
D’autre part, en tant que présidente du groupe d’études sur l’intégration des personnes en situation de handicap, je souhaiterais également aborder la question de l’engagement associatif des personnes handicapées qui mériterait une plus grande attention des pouvoirs publics. La société inclusive que nous voulons bâtir exige aussi de permettre à celles et à ceux en situation de handicap de participer à la vie de la Cité.
Enfin, sur le volet sport du budget, c’est avec regret que je constate, une nouvelle fois, l’écart de taille entre les sommes allouées au développement du sport de haut niveau et la « promotion du sport pour le plus grand nombre ».
Promouvoir le sport pour tous exige de concentrer nos efforts sur les publics qui en sont éloignés et de s’intéresser plus particulièrement aux zones rurales et aux quartiers en difficulté, en préférant par exemple aux grandes infrastructures à usage limité les équipements de proximité qui profitent à tous.
Il en va de l’équité territoriale.
Il en va de la lutte contre les inégalités.
N’oublions pas, mais nous le savons tous ici, que c’est grâce aux petits clubs et aux associations sportives de quartier que la pratique sportive se développe et leur contribution au vivre ensemble ne fait plus aucun doute.
Les apports du tissu associatif à notre société n’ont plus besoin d’être démontrés, et sont plus que jamais nécessaires en cette période de crise et après les évènements tragiques de janvier dernier. Mais il faut donner aux associations qui veulent s’investir et mettre sur pied des projets novateurs les moyens de leurs ambitions pour que leurs appels au secours ne restent pas lettre morte.
En espérant que les préoccupations que j'ai exprimées rencontreront des réponses positives, messieurs les Ministres, le groupe écologiste soutiendra néanmoins ce budget, car l'effort sur le service civique mérite d'être soutenu.
Je vous remercie.
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