Intervention sur les structures "adaptées" comme les SEGPA et les EREA

Intervention sur les structures "adaptées" comme les SEGPA et les EREA

Barbara Pompili a rappelé l'urgence d'agir pour que la notion d'école inclusive devienne une réalité. En attendant, les structures "adaptées" ont, bien entendu un rôle à jouer. D'où l'intérêt de se pencher sur les SEGPA et les EREA afin de les faire évoluer pour incarner une meilleure réponse aux difficultés des élèves qu’ils accueillent.

Monsieur le Président,
Madame la rapporteure (Sylvie Tolmont),

Je tiens à vous remercier pour le travail d’investigation que vous avez fait sur des secteurs qui sont souvent mal connus et pourtant aujourd’hui malheureusement tellement nécessaires.

Alors que la Loi sur la Refondation de l’école promeut l’école inclusive et que la loi de 2005 reconnaît le droit à la scolarisation pour les élèves en situation de handicap l’existence de structures « adaptées » comme les SEGPA et les EREA pose en effet question.

D’où le grand intérêt de votre rapport.

Car, si je prône, nous prônons, l’école inclusive et l’adaptation du système aux besoins de chaque élève, avec tout ce que cela implique au niveau d’un parcours individualisé et de l’accompagnement humain qui va avec on est aujourd’hui obligé de constater que nous sommes encore loin, trop loin, de cet idéal.
Alors, oui : les SEGPA et les EREA, par leur existence, incarnent le symbole que l’école inclusive n’existe pas encore.

Mais, quiconque prônerait leur disparition immédiate prendrait le risque d’aggraver encore les grandes difficultés scolaires – voir sociales - de nombreux élèves qui ne sauraient pas vers quelle structure aller et qui seraient aujourd’hui très mal accueillis par le milieu dit « ordinaire ».

C’est d’ailleurs sur ce point là, précisément, qu’il convient d’agir : le milieu ordinaire doit être à terme en capacité d’accueillir les élèves les plus en difficultés.

Car il n’est pas acceptable que notre système scolaire continue à reproduire et aggraver les inégalités sociales alors, qu’au contraire, il devrait représenter un tremplin pour les plus en difficultés.

On ne peut plus accepter que les plus fragiles soient « extraient » de la sorte du milieu ordinaire pour être mis dans des filières vues et vécues comme des voies de garage qu’on essaye d’une certaine façon d’oublier en limitant au maximum les interactions entre milieu adapté et milieu ordinaire.

Vous l’évoquez très bien, Madame la Rapporteure, dans votre rapport : c’est comme si deux monde coexistaient sans se voir.

Ils sont pourtant bien souvent situés sur le même campus, notamment pour les SEGPA, mais des locaux différents, et surtout : pas de mélange !

Qu’il s’agisse des cours, des activités sportives et artistiques, des voyages scolaires, des dynamiques d’établissement ou même à la cantine, bien souvent : il n’y a aucun échanges entre élèves et professeurs de ces deux milieux. Je dis « bien souvent » car heureusement il y a quelques exceptions

D’où l’urgence d’agir et le mérite – j’insiste – de votre rapport.

Pour que notre système ne puisse plus être défaillant comme il l’est aujourd’hui en « rejetant » une partie des jeunes, la Loi sur la refondation de l’école est une première étape.

Cette loi agit, notamment en redonnant la priorité au primaire – les professionnels le disent : il faut s’attaquer à la question dès le primaire – et en restaurant la formation des enseignants.
Mais il faut aller plus loin.

Face aux difficultés spécifiques de certains élèves, nombre d’enseignants se sentent encore aujourd’hui démunis. C’est une des racines du problème.

D’où l’importance de la formation des enseignants, mais aussi d’ailleurs de l’ensemble des équipes pédagogiques, à l’accueil des élèves en situation de handicap ou en grandes difficultés comme c’est le cas pour les SEGPA.

Mais il nous faut aussi un système plus souple :
- où chaque élève pourrait bénéficier d’un suivi et d’un parcours individualisé,
- où il serait possible de mieux circuler à l’intérieur d’un cycle,
- où on fonctionnerait par petit groupe et par projet,
- où les moyens humains seraient encore plus conséquents pour accompagner chaque élève,
- où l’établissement serait plus ouvert sur son milieu.

Je m’arrête là car nous avons eu de nombreux débats sur le sujet ici même.

Par contre, je veux insister sur la nécessité d’améliorer l’existant. Car de l’avis même des professionnels travaillant en SEGPA la suppression de ces structures relève à court terme de l’utopie.

En attendant que l’inclusion en milieu ordinaire puisse être la norme des avancées doivent avoir lieu pour modifier le fonctionnement des SEGPA et des EREA et leur permettre d’apparaître comme une meilleure réponse aux difficultés des élèves qu’ils accueillent.

Pour cela, vos préconisations, Madame la Rapporteure vont dans le bons sens.

Plus de liens entre milieu ordinaire et adapté pour les élèves et les enseignants – je l’ai déjà évoqué, mais aussi :
- une révision des critères d’orientation,
- la suppression de la condition devenue absurde du redoublement,
- systématiser le réexamen des situations des élèves scolarisés en milieu adapté,
- accroître les sorties d’élèves (notamment grâces aux liens créés et au réexamen des situations),
- revoir les missions des EREA en les intégrant à leur environnement scolaire,
- mieux valoriser le travail des personnels, mettre l’accent sur leur formation.

Je ne détaillerai pas davantage vos analyses et conclusions, mais j’espère qu’elles trouveront rapidement un écho favorable et concret.

Je vous remercie

 

Pour revoir l’ensemble de la réunion de la commission, cliquer ici.

Equipe de Barbara Pompili

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