A l'occasion du débat sur le budget dédié à l'enseignement scolaire, Barbara Pompili a exprimé le soutien des écologistes aux priorités gouvernementales, notamment les nouveaux recrutements, la réorganisation de la formation des enseignants, la scolarisation des élèves handicapés, la CDIsation des AVS, l'accueil des moins de trois ans... Et elle a mis en avant certains points sur lesquels les écologistes souhaitent aller plus loin : la pérennisation des fonds pour la mise en place des PEDT dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires, le besoin d'une large concertation, le soutien aux associations de l'éducation populaire, les crédits dédiés à l'innovation pédagogique, le pré-recrutement et la place du concours, les ESPE, l'éducation prioritaire et les RASED, l'apprentissage, les réflexions à mener sur le métier d'enseignant...
Compte-rendu intégral de son intervention en séance :
Mme Barbara Pompili. Monsieur le président, madame et messieurs les ministres, monsieur le président de la commission, mesdames les rapporteures, chers collègues,
Pour refonder l’école de la République, il faut avoir les moyens de ses ambitions. Ce budget, en augmentation, prolonge avec cohérence la réforme votée il y a quelques mois : nous nous en réjouissons d’autant plus que les priorités annoncées vont dans le bon sens. Je pense à la priorité donnée à l’école primaire, aux nombreuses créations de postes, à la restauration de la formation des futurs enseignants avec la création des ESPE, à la volonté d’accueillir les enfants de moins de trois ans issus de milieux en difficulté ou encore, pour ne citer que quelques exemples, à la scolarisation des élèves en situation de handicap et à la professionnalisation des AVS. Je voterai d’ailleurs avec plaisir l’amendement que vous venez d’annoncer, monsieur le ministre, sur la cdisation des AVS.
Bien sûr, toute réforme digne de ce nom appelle des ajustements : l’exemple des ESPE a déjà été cité plusieurs fois, et je pense aussi à la réforme des rythmes scolaires. Dans certains cas, il est nécessaire d’organiser une plus grande concertation avec l’ensemble des acteurs – équipes éducatives, parents d’élèves, associations et personnels de l’action médico-sociale. À travers les projets éducatifs de territoires, il s’agit en effet de co-construire une politique éducative cohérente permettant de dépasser le traditionnel séquençage des temps scolaire et périscolaire. C’est là une belle opportunité pour réinventer l’école, pour faire de la pédagogie autrement : il faut donc s’en saisir. Pour que cela fonctionne, les activités proposées doivent aussi être gratuites.
M. Rémi Delatte. Qui paie ?
Mme Barbara Pompili. J’insisterai donc à nouveau ici, monsieur et madame les ministres, sur le besoin de pérenniser le fonds d’accompagnement pour appuyer les collectivités territoriales dans la mise en place des PEDT.
M. Rémi Delatte. Donnez-leur en les moyens !
Mme Barbara Pompili. Soyons les garants de l’équité territoriale.
Il faut aussi que le soutien aux associations soit maintenu. Je pense particulièrement au secteur de l’éducation populaire, qui semble souffrir d’un manque de moyens préjudiciable à la réussite de cette réforme.
En matière budgétaire, un autre point m’interpelle : la faiblesse des crédits dédiés à l’innovation pédagogique. En effet, la refondation doit avoir l’audace et l’envergure nécessaires pour faire mieux et autrement ; or les 55,6 millions d’euros consacrés aux actions pédagogiques nous semblent bien trop maigres.
D’un point de vue plus général, nous sommes nombreux à vous avoir demandé où en est la mise en place du comité de suivi de la loi pour la refondation de l’école. C’est en analysant la mise en place des nouveaux dispositifs votés que nous saurons les adapter ; c’est aussi une façon de s’assurer que l’ambition qui a animé cette refondation s’inscrive dans la réalité, et ce à tous les niveaux. Je pense à la formation professionnelle des futurs enseignants et à la place du concours – que nous souhaitons, vous le savez, en fin de licence –, à l’ouverture des ESPE à l’ensemble des acteurs œuvrant dans le champ de l’éducation, à l’organisation d’un véritable pré-recrutement qui aille au-delà des emplois d’avenir professeurs, aux modules de sensibilisation à l’égalité hommes-femmes et, pourquoi pas, à la lutte contre les stéréotypes de genre – sur ce point, vous connaissez ma position –,…
M. Xavier Breton. Bien sûr : c’est une obsession !
Mme Barbara Pompili. …ou encore à la scolarisation effective des élèves handicapés car, rappelons-le, l’école doit être un lieu inclusif quelles que soient les difficultés des uns ou des autres, et non un lieu de sélection.
À cet égard, les internats de la réussite posent problème. Les similitudes avec les internats d’excellence n’augurent rien de bon. Pour mener une vraie politique d’aide aux élèves les plus en difficulté, pourquoi s’appuyer sur un modèle décrié, notamment si l’on regarde le coût de ces internats par rapport à la faiblesse numérique des élèves concernés ? Les 150 millions d’euros dédiés à ces internats auraient plus d’effets s’ils venaient renforcer les réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté – les fameux RASED –, qui s’adressent dès le primaire à tous les élèves en difficulté, et non à une petite minorité sélectionnée. D’où notre amendement, monsieur le ministre.
Pour œuvrer véritablement à la réussite de tous et de toutes, il faut renforcer le taux d’encadrement des élèves dès la maternelle et disposer d’équipes pédagogiques motivées et soudées autour d’un projet d’établissement. C’est pourquoi il convient de mener une réflexion sur le métier des enseignants afin de mieux valoriser leur travail et reconnaître leurs spécificités – je pense par exemple aux chefs d’établissements et aux professeurs principaux. Il s’agit de se donner les moyens de créer de véritables dynamiques d’équipes, déterminantes dans la réussite des dispositifs d’éducation prioritaire.
Nous espérons d’ailleurs que la réforme de l’éducation prioritaire sera prochainement à l’ordre du jour de cette assemblée, en lien avec la politique de la ville par exemple. La question de la carte scolaire devra alors être reposée.
Pour revenir aux internats de la réussite, pourquoi ne pas relancer tout simplement la politique d’internat, mais pour toutes et tous ? Vous l’aurez compris !
Enfin, je tiens à souligner notre inquiétude face à la diminution des crédits dédiés à l’apprentissage, qui ne pourra pas représenter une alternative crédible et prometteuse pour les jeunes et pour leur avenir.
Vous le savez, monsieur le ministre : nous soutenons votre volonté réformatrice et nous voterons bien entendu le budget présenté. Mais nous espérons que nos remarques seront entendues,…
M. Vincent Peillon, ministre. Comme toujours !
Mme Barbara Pompili. …car il y va de l’ambition donnée à cette réforme. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes SRC et GDR.)
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