Education : l'enjeu de la formation continue et initiale

Education : l'enjeu de la formation continue et initiale

Barbara Pompili a interpelé la Ministre de l’éducation sur les enjeux que représente la formation continue et initiale lors d'une séance publique.

Mme Barbara Pompili. Madame la ministre, vous le savez, nous soutenons la réforme du collège, dont les principes vont dans le sens d’une démocratisation de la réussite. Face à un système scolaire qui aggrave les inégalités sociales, il est urgent de changer d’approche, et c’est justement ce qui est proposé ici avec, notamment, un accompagnement personnalisé, du travail en petits groupes ou encore plus d’interdisciplinarité. Mais rien ne sera possible sans l’accompagnement de l’ensemble des équipes.

La formation continue est pourtant aujourd’hui en jachère, alors qu’elle est le pivot d’une appropriation réussie de cette nouvelle approche. Qu’il s’agisse d’ailleurs de la formation continue ou initiale, les retours de terrain sur la mise en place des écoles supérieures du professorat et de l’éducation – ESPÉ – nous inquiètent. Tout d’abord, l’ouverture de ces écoles à l’ensemble des acteurs de l’éducation semble bien timide. La réforme des rythmes montre qu’il est essentiel d’apprendre à travailler avec les autres acteurs : les associations, les animateurs ou encore le secteur médico-social. La diversité est un atout et doit se retrouver tant chez les étudiants que parmi les formateurs.

La question de la formation des formateurs eux-mêmes mérite elle aussi d’être posée. Peut-être conviendrait-il également de revoir le continuum de formation pour sortir du bachotage de l’année de master 1, dont la conséquence directe est une année de master 2 bien trop chargée. Une formation s’inscrivant réellement sur deux ans avec un concours en fin de licence 3 permettrait en outre de mieux organiser certaines formations qui font encore défaut : je pense par exemple à la formation à l’accueil des élèves en situation de handicap ou à la meilleure prise en compte des spécificités des maternelles, surtout alors que vont être mis en place de nouveaux programmes.

Madame la ministre, comment entendez-vous relever ces défis pour faire concrètement de la formation initiale et continue une priorité et donner ainsi les moyens aux différentes réformes de se déployer ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre. Madame la députée, nous évoquions tout à l’heure la réforme du collège : je disais que, si nous voulons que la rentrée 2016 se passe dans les meilleures conditions et que cette réforme entre bien en vigueur, il faut évidemment un accompagnement et une formation des équipes. Pour répondre à votre question, je citerai l’exemple du plan national que nous avons prévu à destination des cadres et des formateurs, qui sera publié dans les tout prochains jours. Ce plan se déclinera, dans un premier temps, en vingt-trois séminaires nationaux, portant sur la réforme du collège, les nouveaux programmes, les nouveaux enseignements et l’introduction du numérique, puisque ce sera aussi la réalité de la rentrée 2016. Ces séminaires concerneront tous les conseillers principaux d’éducation, les chefs d’établissement, les cadres, afin qu’ensuite, d’octobre 2015 à mai 2016, puisse avoir lieu une formation sur site, dans tous les collèges concernés : on se rendra sur place pour former ensemble, en équipe, les enseignants qui seront ensuite invités à travailler en équipe dans le cadre de la réforme du collège. D’évidence, nous allons être amenés à mobiliser des crédits importants. C’est ce sur quoi nous sommes en train de travailler. Les discussions sont ouvertes avec les organisations syndicales pour définir les contours exacts de ce plan de formation. Les enseignants auront entre quatre et cinq jours de formation intensive consacrée à ce sujet.

Au-delà de cet exemple, je veux vous dire que les ESPE sont encore jeunes : notre majorité les a mises en place en 2012 ; elles commencent à faire leurs preuves, mais on peut encore les améliorer. Il faut avoir à l’esprit qu’elles ont accueilli 25 000 jeunes l’année dernière et qu’elles en accueillent 50 000 cette année. On a malgré tout réussi à désigner sans retard des tuteurs pour accueillir ces stagiaires et à mobiliser les formateurs. On doit faire un point dans quelques semaines avec l’ensemble des directeurs d’ESPE, pour veiller notamment à harmoniser le contenu du tronc commun.

Vous avez été très ambitieux, ce qui explique que la loi de refondation de l’école ait demandé beaucoup aux ESPE, mais il y a aujourd’hui une hétérogénéité entre ce qu’elles offrent d’un territoire à l’autre. Ce tronc commun doit être plus harmonisé afin qu’y figure bien l’essentiel : je pense en particulier, puisque l’on parlait tout à l’heure des attentats de janvier, de la capacité des enseignants à transmettre les valeurs républicaines. Je n’en dirai pas davantage car je serai trop longue. Mais c’est évidemment un travail qu’il faut poursuivre.

Equipe de Barbara Pompili

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