Les nouveaux défis de France Télévisions

Les nouveaux défis de France Télévisions

Mardi matin, Barbara Pompili est intervenue en commission des affaires culturelles dans le cadre de l'audition de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions. L'occasion de rappeler les nombreux enjeux auxquels devra répondre le groupe dans les mois à venir:  affirmer l’identité éditoriale des chaînes du groupe et faire de France 3 la chaîne des territoires, mieux représenter la diversité de notre société, lancer la chaîne numérique de service public dédiée à l'information ou encore mettre en œuvre le projet Info 2015 sans utiliser les salariés comme une variable d'ajustement.

 

 

L'intervention de Barbara Pompili :

Madame la Présidente,

Vous nous avez exposé un projet intéressant, car il s’attache avant tout à répondre aux enjeux qui se posent aujourd’hui, notamment autour du numérique et de la nouvelle manière d’utiliser les supports médias.

Mais je vais revenir d’abord sur la situation financière du groupe, puisque l’argent est le nerf de la guerre.

Les dispositions financières votées la semaine dernière dans le projet de loi de finances vont permettre d’augmenter les ressources du groupe et de garantir, en tout cas en partie, son indépendance à l’égard du budget de l’État. Cela va permettre de combler une partie du déficit annoncé, une partie seulement. Vous vous êtes engagée encore aujourd’hui à parcourir l’autre moitié du chemin et à arriver au zéro déficit en 2016. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Car si des progrès peuvent encore être faits en matière de rationalisation et de mutualisation des moyens, d’autres pistes peuvent être explorées. Je pense à celles évoquées au Sénat, par André Gattolin et Jean-Pierre Leleux dans le rapport qu’ils viennent de remettre. Il est par exemple suggéré de faire évoluer la contribution à l’audiovisuel public, car l’enjeu est bel et bien d’assurer - enfin - à France télévisions des ressources lui permettant de remplir, dans de bonnes conditions et dans la durée, ses missions de service public.

La question de la publicité doit aussi être reposée, sans revenir, bien entendu, à une « invasion » sans limite et sans éthique ! Dans le rapport du Sénat il est suggéré le retour à une « publicité raisonnable » en soirée, compatible avec les « valeurs du service public ». Et, parallèlement, l’interdiction de la publicité aux plages horaires consacrées à la jeunesse fait son chemin. Je pense notamment à la proposition de loi de mes collègues écologistes qui vient d’être adoptée au Sénat.

Ces évolutions vis-à-vis de la publicité méritent selon moi réflexion. Que pensez-vous de ces propositions ?

Et quelle place envisagez-vous de donner à la publicité dans les projets évoqués dans le rapport que vous nous avez remis, c’est-à-dire tant sur la plateforme publique de vidéo à la demande que sur la chaîne d’information numérique ?

Pour en revenir au financement du groupe, je souhaite évoquer d’autres pistes : celle de la ré-internalisation d’une partie de la production, mais aussi celle du financement par la création

Vous nous avez indiqué être en cours de négociation avec les producteurs. Qu’en est-il, plus précisément ? Est-ce que cela sous-entend que la plateforme publique de vidéo à la demande proposera des contenus payants, lorsqu’un financement public sera à l’origine de la production ?

Par ailleurs, et je vous rejoins sur ce point, un nouveau plan de départ ne peut être sérieusement envisagé. Je l’ai déjà dit ici à d’autres occasions : l’humain ne doit en aucun cas être la variable d’ajustement. La situation est d’ailleurs déjà très tendue, des collègues l’ont déjà dit, et le rapport Vacquin l’a montré.

Aujourd’hui, il faut redonner des perspectives pérennes aux salariés. Et pourriez-vous à ce propos nous donner des éléments sur l’état du dialogue social au sein du groupe, notamment au regard des différents projets en cours de réflexion. Je pense à la chaîne numérique de service public dédiée à l’information, dont vous nous avez parlée, mais aussi au projet Info 2015.

La fusion des rédactions entre France 2 et France 3 doit être réfléchie avec l’ensemble des salariés pour ne léser personne et pour donner vraiment un sens à cette évolution. Sur ces projets, il est beaucoup question de synergie des moyens. Mais comment les salariés sont-ils concrètement associés à cette évolution ? Concernant la chaîne d’information numérique : des recrutements spécifiques sont-ils prévus, ou bien ce sont les rédactions actuelles qui seront mobilisées ?

Autre enjeu sur lequel je souhaite insister : l’avenir de France 3. France 3 ne doit plus se résumer à une chaîne nationale avec des décrochages régionaux mais devenir une chaîne réellement dédiée aux territoires.

L’offre de proximité est souhaitée et donc doit être renforcée. Vous êtes allée à la rencontre des personnels de France 3 en régions, notamment chez moi à Amiens, et cela a été apprécié. Je souhaiterais en savoir plus sur votre vision de la chaîne. Et aussi, parce que vous l’avez évoqué à l’instant, l’impact de la réforme territoriale. Je voudrais clairement m’assurer qu’il n’y aura pas de répercussions sur le maillage territorial, car la réforme territoriale ne saurait être l’occasion d’éloigner les antennes régionales du local. Je ne m’étendrai pas ici sur la nécessité de mieux marquer les identités des chaînes car je partage, comme beaucoup, votre diagnostic.

Je vais aborder une autre question qui, je le sais, vous tient aussi à cœur : Comment faire pour que les chaînes de France télévisions représentent mieux la diversité de notre société ? Cela veut dire mieux représenter les personnes en situation de handicap, les jeunes, les femmes, les personnes issues de minorités quelles qu’elles soient. Cette diversité doit être partout et non évidemment cantonnée à France Ô ! Lors de vos différentes interventions sur cet enjeu vous avez évoqué le besoin de passer à une « obligation de résultat ». Pourriez-vous préciser ce que vous entendez par là ?

Enfin, concernant l’accès des programmes aux personnes en situation de handicap, de nombreux progrès doivent être encore réalisés. Récemment, une association de sourds et malentendants m’indiquait par exemple leur souhait d’avoir accès à plus d’émissions et de journaux télévisés avec un interprète en langue des signes mieux visible. Car aujourd’hui, ils se sentent exclus. Aussi, j’aimerais savoir ce que vous pensez mettre en œuvre pour aller plus loin sur ces enjeux et j’espère que le COM à venir sera ici ambitieux.

Je vous remercie.

 

Equipe de Barbara Pompili

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