Lutte contre le décrochage scolaire et relance des RASED

Lors des débats sur le budget enseignement scolaire, Barbara Pompili a présenté un amendement visant à soutenir financièrement les RASED, mis à mal par le précédent gouvernement alors qu'ils ont prouvé leur efficacité dans l'aide aux élèves dès le plus jeune âge et dans la lutte contre le décrochage scolaire.

Barbara Pompili proposait d'affecter les 150 millions prévus pour les internats de la réussite - très similaires aux internats d'excellence qui ont été tant décriés - aux réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté qui s'adressent véritablement à tout le monde. Cet amendement n'a malheureusement pas été adopté mais le Ministre a indiqué qu'un groupe de travail sur ces réseaux va être créé.

Vidéo des débats autour de cet amendement à partir de 01.05 minute

Mme Barbara Pompili. Dans le cadre du second programme d’investissements d’avenir, 150 millions d’euros ont été attribués à l’enseignement scolaire. Vous avez décidé, madame, messieurs les ministres, d’utiliser cette somme pour lancer le programme « Internats de la réussite ». Je regrette que l’attribution de ces 150 millions n’ait pas fait l’objet d’un débat avec la représentation nationale.

On peut discuter de l’intérêt de ce programme, et je ne suis pas opposée a priori au développement des internats, même si le dispositif mis en place se rapproche beaucoup, à l’exception de la sélection des élèves, de celui des internats d’excellence, qui a été très critiqué.

Quoi qu’il en soit, ce dispositif est destiné à un nombre d’élèves relativement limité. Alors que nous déplorons 140 000 décrocheurs par an et que quatre élèves sur dix ont des lacunes en lecture, écriture et calcul à la fin de l’école primaire, et que le décrochage, nous le savons, commence très tôt, dès les premières années de scolarisation, il nous semble que ces 150 millions seraient mieux utilisés, dans le cadre de la lutte contre le décrochage, à relancer fortement les réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté, les RASED, qui ont prouvé leur efficacité dans l’aide aux élèves dès leur plus jeune âge et qui ont été mis à mal par la précédente majorité.

Nous sommes dans un arbitrage budgétaire politique et il s’agit de hiérarchiser les priorités. Il me semble plus important de relancer les RASED que de créer les internats de la réussite.

M. le président. Quel est l’avis de la commission ?

Mme Carole Delga, rapporteure spéciale. Défavorable.

M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?

M. Vincent Peillon, ministre. Je précise, la question ayant été également évoquée par des parlementaires de l’opposition, que les internats de la réussite ne sont pas les internats d’excellence. Je veux une politique d’internat en France, en direction des collèges, très absents, de certaines régions, déficitaires, ainsi que des lycées professionnels : des internats qui s’adresseraient non aux meilleurs élèves de certaines zones, en coûtant beaucoup plus cher, mais à tous les élèves, y compris ceux qui ont des difficultés scolaires, car il faut que nous puissions les aider.

C’est l’idée des internats de la réussite : réussite pour tous. Cette logique d’internats contribuera à la lutte contre les inégalités scolaires et sociales de notre pays. C’est un choix politique parfaitement assumé, même si, je l’entends bien, tout le monde n’a pas encore perçu la totale différence de logique entre les internats d’excellence et les internats de la réussite.

La question des RASED, quant à elle, fait l’objet d’une évaluation et le rapport de l’Inspection générale me sera remis dans quelques jours. L’un des treize groupes de travail qui seront annoncés d’ici à dix jours, sur l’ensemble des métiers, concerne ces réseaux. Les personnels – les deux types de maîtres et les psychologues – sont d’accord pour les faire évoluer au plus près du terrain et des besoins des enfants. Nous pourrons donc à la fin de l’année formuler des propositions.

Nous avons deux choses à faire. Des postes ont déjà été consacrés, vous le savez, à la remise à niveau des RASED. Par ailleurs, je souhaite réamorcer la pompe de la formation de ces personnels. Ce temps de l’évaluation et de la discussion avec eux était nécessaire ; il faudra encore attendre quelques semaines, ou peut-être quelques mois, pour avoir les réponses définitives, mais je réaffirme très nettement que, comme vous, je considère ces réseaux comme utiles à la réussite des élèves. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

M. le président. La parole est à M. Xavier Breton.

M. Xavier Breton. Je regrette que le fonctionnement de notre commission ne nous ait pas permis d’examiner ces propositions. Nous voterons contre le présent amendement, notamment en raison de ses a priori sur les RASED. Comme je l’ai dit tout à l’heure, ces réseaux n’ont fait l’objet d’aucune évaluation depuis celle conduite en interne il y a plus d’une dizaine d’années. On n’a jamais autant parlé des RASED depuis que des réorientations ont été décidées sous la précédente législature. Or, nous constatons que, si ces réseaux fonctionnent bien dans certains secteurs géographiques, ce n’est pas le cas dans d’autres. Il ne faut donc pas dire que c’est une solution miracle. La preuve en est que le décrochage scolaire continue de s’aggraver, les résultats scolaires de se dégrader, et ce depuis des décennies. Je ne crois pas que l’on puisse affirmer, comme le fait l’exposé sommaire de l’amendement, que « les RASED ont prouvé leur efficacité dans l’aide aux élèves en difficulté dès leur plus jeune âge pour traiter de l’échec scolaire dès la racine ».

Une évaluation est en cours. On peut regretter que ce soit une auto-évaluation, puisqu’elle se fait à l’intérieur du ministère ; pour avoir un véritable avis, il ne faut pas craindre d’ouvrir l’évaluation, de faire en sorte qu’elle soit indépendante, extérieure. Ce sera un enjeu des semaines et des mois à venir.

M. le président. La parole est à M. Patrick Hetzel.

M. Patrick Hetzel. L’amendement consiste à prélever 150 millions d’euros consacrés aujourd’hui à un projet concernant les internats. Nous avons sans doute une différence d’appréciation quant aux modalités de fonctionnement des internats, mais il y a en tout cas un point qui nous rassemble, c’est que les internats, contrairement à ce qui est affirmé dans l’exposé sommaire de cet amendement, sont efficaces, beaucoup d’études l’ont montré et Mme la ministre l’a rappelé, pour faire progresser un certain nombre d’élèves, notamment dans l’enseignement professionnel. Plaider en faveur des internats est donc une bonne chose. C’est l’un des sujets sur lesquels nous pouvons parvenir à un accord très large. Nous y sommes en tout cas favorables, pour notre part, car ils permettent à des jeunes d’accéder à la connaissance.

(L’amendement n312 n’est pas adopté.)

Equipe de Barbara Pompili

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