
Monsieur le Président Gallet,
Permettez-moi tout d’abord de revenir brièvement sur le mouvement social d’envergure historique que connaissait Radio France lors de votre dernière audition par la commission.
Aujourd’hui, la situation s’est apaisée… et nul doute que les annonces financières permettant d’enterrer le plan de départ initialement envisagé y sont pour quelque chose.
Pour stabiliser la masse salariale, il est désormais question de ne pas renouveler un départ à la retraite sur deux. Pourtant, les missions confiées à Radio France ne vont pas diminuer mais plutôt augmenter si on regarde bien les évolutions que vous proposez dans le nouveau COM. Comment demander plus et mieux avec moins de moyens ?
Utiliser les salariés comme variable d’ajustement est un jeu dangereux et l’ampleur du précédent conflit social laisse à penser qu’une réflexion sur l’état du dialogue avec les partenaires sociaux doit être menée. D’où ma question : quelles sont les actions concrètes envisagées à court, moyen et long termes pour améliorer les conditions de travail ? Et j’insiste, le non remplacement des départs à la retraite ne doit en aucun cas dégrader la situation existante qui est déjà fragile.
Pour éviter ce genre de situation désastreuse – et c’est le 2ème point que je souhaite évoquer - il est essentiel de revoir en profondeur le financement des médias publics. Il s’agit de leur donner les ressources financières suffisantes et pérennes leur permettant de remplir leurs missions de service public, dans de bonnes conditions et dans la durée. Je vous rejoins ici dans votre analyse Monsieur Gallet.
L’accord trouvé en juin 2015 et l’aide extraordinaire étaient nécessaires. Mais il est urgent de regarder de près les autres pistes permettant de sécuriser le financement de Radio France. Je pense par exemple à l’idée développée par les sénateurs André Gattolin et Jean-Pierre Leleux, dans leur rapport, de faire évoluer la contribution à l’audiovisuel public vers une « contribution forfaitaire universelle ».
Ce qui m’amène aussi à réaffirmer mon opposition à des podcasts payants : la gratuité des services proposés est essentielle, d’autant que ceux-ci sont déjà financés par le contribuable via la CAP.
Concernant les revenus escomptés des événements organisés à Radio France et de la vente de billets, j’insiste sur la nécessité de prévoir une tarification compatible avec un réel « accès à tous ».
Dans un autre domaine tout aussi capital au regard de ses conséquences financières, j’ose espérer que nous n’aurons pas les mêmes déconvenues en ce qui concerne les travaux qui restent à réaliser : notamment pour les studios et les rénovations des façades que vous mentionnez.
Quelles dispositions allez-vous prendre, Monsieur Gallet, pour ne pas réitérer les erreurs et dérapages du dernier grand chantier ?
Enfin, dernier point capital : le projet éditorial du groupe et ses missions de service public.
Je souhaite tout d’abord vous interroger sur l’avenir – comme l’a souligné mon collègue Michel Françaix, de la banque de programmes Sophia. Je ne vous cache pas mon inquiétude car les services proposés par Sophia sont essentiels pour de très nombreuses radios locales notamment associatives…. Le budget 2016 que l’on vient de voter met d’ailleurs l’accent sur les médias locaux et les radios associatives. Permettre à ces radios d’avoir accès à des chroniques et des journaux proposés par Radio France s’inscrit en cohérence avec les missions de services publics attendues par votre groupe, c’est là aussi un enjeu pour le pluralisme, pour l’accès à des informations indépendantes. Et il ne faudrait pas que les enjeux budgétaires soient à l’origine de choix impactant les radios associatives et les missions de service public du groupe.
Concernant les autres projets de Radio France, je partage bien entendu votre analyse quant au vieillissement de l’audience et à la nécessité de développer les nouveaux usages de la radio et du numérique.
Radio France est le seul média public européen à ne pas avoir de webradio. Beaucoup doit donc être encore fait et le développement de la RNT peut être une opportunité. C’est d’autant plus vrai qu’il demeure nécessaire d’améliorer la couverture de l’ensemble du territoire par les radios du groupe, je pense par exemple à FIP mais aussi à France Info ou France Bleu. Des progrès ont été réalisés à travers l’exécution du précédent COM, mais il faut continuer à progresser, comme vous l’indiquez.
Concernant enfin les projets numériques, je souhaiterais : avoir des précisions sur le projet France Info Média Global ainsi que sur la mise en place de la chaîne publique numérique d’informations en construction avec France Télévisions et tous les acteurs de l’audiovisuel public. Comment les personnels sont-ils associés à ces projets ?
Enfin, le travail entrepris pour renforcer la complémentarité des programmes et réaffirmer l’identité de chaque chaîne va dans le bon sens et devra être renforcé dans les années à venir.
Je vous remercie
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