Réforme des collèges

Réforme des collèges

Barbara Pompili était hier en commission des affaires culturelles et de l'éducation pour l'audition de Najat Vallaud-Belkacem sur la réforme des collèges. Si cette réforme va dans le bon sens et reprend les grands principes défendus par les écologistes elle pourrait toutefois aller plus loin. Pour "que le collège unique ne soit plus uniforme", il ne faut pas avoir peur d'opérer des changements de pédagogie ou d'innover. Il faut aussi renforcer la formation des enseignants, notamment sur les pratiques collaboratives et les changements initiés ici, ainsi que rapprocher plus encore écoles et parents. Enfin, la réforme de la carte scolaire demeure un enjeu.


Réforme des collèges by Pompili

Monsieur le Président, Madame la Ministre,

Cela ne vous étonnera pas, je vais exposer un point de vue un peu différent que celui de mon collègue Patrick Hetzel. Tout d’abord, merci pour votre exposé. Comme vous, nous partageons tous ici le constat que le collège, tel qu’il fonctionne aujourd’hui, aggrave les difficultés, l’échec scolaire et les inégalités et face à cette réalité, sortir le collège de son étiquette de « maillon faible de notre système éducatif » est donc plus qu’urgent. D’où notre soutien à votre réforme, Madame la Ministre, qui entend – et je vous cite - « faire que le collège unique ne soit plus un collège uniforme » autour du tryptique « souplesse, autonomie et interdisciplinarité ».

Donc donner plus d’autonomie aux établissements, accorder une plus grande liberté pédagogique aux équipes, favoriser le travail collectif et des projets interdisciplinaire, travailler en petits groupes, favoriser le travail oral, les langues vivantes, travailler en petit groupe, prévoir un accompagnement personnalisé aux besoins de chaque élève ce qui, par la même occasion, doit nous interroger sur l’externalisation croissante - et inquiétante - de cet accompagnement par des acteurs parfois bien trop éloignés du système scolaire... Toujours est-il que l’on retrouve dans cette réforme les grands principes que les écologistes ne cessent de mettre en avant en matière d’éducation. Et ces principes rappellent d’ailleurs nombre d’amendements que nous avions portés lors des débats sur la Refondation de l’école

Des exemples montrent qu’une autre organisation de la vie scolaire, qu’une autre approche de la pédagogie et du travail en classe fonctionnent. J’ai en tête je l’avais déjà cité à de nombreuses reprises le collège de Clisthène, à Bordeaux. Pour lutter contre le décrochage scolaire et redonner le goût d’apprendre : la pédagogie mise en œuvre avec travail en équipe, projets collectifs et semaines interdisciplinaires, ou encore groupes de tutorat composés de jeunes de niveaux différents. Tout cela concourt à résoudre les problèmes de violence, à sortir des dynamiques d’échec scolaire et cela permet aussi aux élèves d’être plus à l’aise à l’oral – et je vous rejoins vraiment sur cette question - que la moyenne des collégiens. Ce collège, je l’ai maintes fois cité lors des débats sur la Refondation de l’école car il incarne un excellent exemple de réussite de changement de paradigme mis en pratique. Il existe de nombreux autres exemples d’expérimentations qui ont fait leurs preuves et je suis heureuse de voir que, petit à petit, on avance en ce sens.

Les enseignements pratiques interdisciplinaires, le travail en petits groupes et l’accompagnement personnalisé illustrent ce changement d’approche que nous soutenons complétement. Mais nous pourrions aller plus loin avec, par exemple, la mise en place de classes dites « verticales ». Car l’hétérogénéité des niveaux est une force ! Alors, pourquoi ne pas mettre en place des petits groupes d’élèves d’âges et de niveaux différents qui travaillent ensemble et s’entraident, encadrés par plusieurs enseignants, collaborant eux-aussi ensemble.

Les relations entre élèves ne doivent plus se limiter à de la simple juxtaposition. Elles doivent devenir de véritables relations de travail. La réforme du collège proposée ici doit permettre ce genre d’innovations. Et il est essentiel que ces évolutions s’inscrivent évidemment dans le dialogue avec les différents syndicats.

Ces innovations ne sont d’ailleurs pas forcément coûteuses puisque l’enjeu est la liberté laissée aux établissements et aux équipes pédagogiques. Cela m’amène à vous relayer des craintes sur la question des moyens qui accompagnent votre réforme : les 4 000 ETP semblent en effet relativement faibles au regard des plus de 7 000 collèges…

Je souhaite aussi insister sur la formation des enseignants  car cette réforme effectivement ne peut fonctionner que si les enseignants la font vivre. Pour qu’une telle réforme fonctionne, il est indispensable que la formation initiale et continue mette en avant les pratiques collaboratives et préparent à ce changement de paradigme dans la façon de mettre en place un accompagnement personnalisé ou de « faire classe », tout simplement. Qu’en est-il d’ailleurs des réflexions sur la bivalence, sujet qui revient régulièrement ?

Autre point : articuler cette réforme avec celle des programmes (et donc du socle) et celle de l’évaluation est une très bonne chose. Mais, pour mener à bien les discussions sur les horaires de chaque discipline, ne faudrait-il pas attendre que la réflexion sur les programmes aboutisse ? Y compris pour les langues anciennes dont les enseignants sont inquiets. Il faut entendre leurs inquiétudes. Concernant le Brevet : nous attendons les retours du CSP et nous espérons que les projets interdisciplinaires seront pris en compte dans l’évaluation. J’ai entendu ce que vous avez dit sur le sujet Madame la Ministre.

Enfin, où en est-on des réflexions sur l’évolution de la carte scolaire ? Vos annonces concernant la LV2 dès la 5em vont permettre de mettre fin à certaines stratégies de contournement. Ce qui est très bien. Mais il faudrait s’assurer que la LV1 est bel et bien enseignée dès le CP ce qui n’est pas simple. Par ailleurs, il semble primordial que les réflexions en cours prennent en compte le privé. Et concernant votre volonté de moduler les moyens alloués aux établissements – volonté qui rencontre tout notre soutien -, pourriez-vous nous indiquer où en est votre réflexion notamment sur les critères retenus ? A ce propos, j’insiste à nouveau sur ce qui a été mis en place en Belgique sur cette question où le système mis en place permet en outre de sortir de la stigmatisation des labels.

Pour conclure, je tiens à réaffirmer notre intérêt pour toutes les initiatives renforçant la démocratie au collège et celles permettant de rapprocher école et parents. Sur ce point, la généralisation de la mallette des parents est une très bonne chose mais il faut aller plus loin pour associer les familles – et les autres acteurs de l’éducation –, pour vraiment avancer vers l’éducation partagée.

Je vous remercie

 

 

Pour voir l'intégralité de l'audition, cliquez ici.

Equipe de Barbara Pompili

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