
Barbara Pompili est intervenue hier lors de la séance publique au sujet de la réforme territoriale.
Elle a, bien entendu, soutenu, la nécessité de simplifier le millefeuille territorial.
Elle a également mis garde contre les faux débats qui voudraient opposer des identités régionales entre elles ou confondre la question de la puissance régionale avec celle de son étendue.
Mme la présidente. La parole est à Mme Barbara Pompili.
Mme Barbara Pompili. Lors de la présentation de la réforme territoriale, certains mots ont été prononcés qui sonnaient bien à nos oreilles : simplification, davantage de pouvoirs aux régions et aux intercommunalités. Bref, on devait enfin s’attaquer au millefeuille territorial.
Pour ce qui nous concerne, nous soutenons évidemment une telle ambition, essentielle afin que notre territoire ne soit plus gêné par des lourdeurs et des incompréhensions quant au rôle des différentes strates administratives. Malheureusement, le premier choix a consisté à agrandir les régions en les fusionnant. Nous ne nous attendions vraiment pas à cela.
M. Bernard Accoyer. Nous, non plus.
Mme Barbara Pompili. Agrandir les régions pose le problème des niveaux intermédiaires lesquels deviennent beaucoup plus difficiles à supprimer alors qu’on en a besoin. De plus, nous n’en voyons pas non plus l’intérêt économique, puisque cet argument est avancé. Si l’on se réfère à ce qui existe dans d’autres pays, on voit bien que la taille n’a pas grand-chose à voir avec la puissance économique ou culturelle de la région.
M. Bernard Accoyer. C’est vrai.
Mme Barbara Pompili. Nous sommes, je l’avoue, un peu dubitatifs quant à la volonté de fusionner des régions. Au-delà de l’intérêt économique, qui peut être discutable, nous nous interrogeons également sur les critères qui ont présidé au découpage. Et ces critères nous inquiètent. J’en veux pour preuve le sort de la Picardie dont je suis une élue.
Au départ, cette région était liée à la Champagne-Ardenne pour ensuite être associée au Nord-Pas-de-Calais, ce qui me paraît du reste plus logique au regard de leur histoire culturelle et économique. Pourquoi avoir choisi la Champagne-Ardenne ? Sur quels critères ?
M. Patrick Hetzel. Très bonne question.
Mme Barbara Pompili. Qu’est-ce cela signifiait en termes de développement ? Et pourquoi, d’un seul coup, choisir de l’associer au Nord-Pas-de-Calais ? Bref, je m’interroge sur la pertinence des critères qui ont été retenus.
Par ailleurs, les territoires n’ont pas eu leur mot à dire. Ils ont à peine été consultés alors que le redécoupage aura des conséquences très importantes pour eux. C’est pourquoi nous défendons le droit d’option qui, d’une certaine manière, rend aux territoires leur pouvoir de décision. Moi, qui suis une ardente défenseure de l’unité de la Picardie, je défends néanmoins le droit d’option considérant que l’unité de la Picardie doit être décidée par les Picards eux-mêmes.
Nous avons le sentiment d’une certaine impréparation, et cela est préoccupant car cela aura des conséquences économiques et sociales dans les territoires. Certaines capitales régionales perdront leur statut. La question du choix de la nouvelle capitale régionale est essentielle. Du fait même de son statut de capitale régionale, celle-ci connaît un certain rayonnement, une attractivité, qu’elle risque de perdre. Il faut donc se préoccuper de savoir à quelle ville l’on retire ce statut. Une capitale régionale qui fonctionnait très bien et qui connaissait un fort développement économique sera moins touchée qu’une capitale régionale qui avait besoin de ce statut pour se développer.
En dépit d’aménagements qui sont prévus dans le texte, une capitale régionale qui perd son statut perdra dans le même temps des emplois publics, lesquels seront déplacés. Tout cela sera couplé avec la réforme de l’État qui contribuera elle aussi à redistribuer les cartes.
Les emplois publics dans certains territoires, notamment des territoires qui ont perdu des emplois privés – je pense à Amiens –, sont loin d’être négligeables dans l’équilibre économique. A-t-on mené cette réflexion, car les élus locaux auront ensuite à en gérer les conséquences ?
Depuis le début des débats, j’ai observé, et cela m’a choqué, une opposition stérile entre les tenants d’une identité régionale et les tenants de l’identité nationale.
M. Jean-Luc Laurent. L’identité nationale est la seule qui vaille.
Mme Barbara Pompili. Ceux qui défendent une identité régionale forte et qui défendent le droit à l’exprimer dans les langues régionales ou diverses manifestations seraient de dangereux séparatistes qui voudraient briser la cohésion nationale. C’est donner dans l’exagération, verser dans la caricature.
M. Laurent Furst. Bravo !
Mme Barbara Pompili. Et j’ai l’impression que l’on ne peut pas en débattre sereinement.
M. Patrick Hetzel. Très juste.
M. André Schneider. Elle a raison.
Mme Barbara Pompili. Nous sommes tous faits d’identités multiples. Pour ma part, je refuse de choisir entre mon identité de Française, de Picarde, d’Européenne ou de citoyenne du monde.
M. Jean-Luc Laurent. Alors, vous ne savez plus où vous habitez.
Mme Barbara Pompili. Je suis tout cela à la fois, je revendique ces identités et j’y tiens profondément. Cessons d’entretenir de faux débats et prenons en compte la richesse que représente la multiculturalité dans notre pays. (Applaudissements sur les bancs du groupe écologiste, du groupe RRDP et sur plusieurs bancs du groupe UMP.)
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