
Tribune publiée par Libération cosignée par Barbara Pompili, députée écologiste, Corinne Bouchoux, Sénatrice écologiste et Olivier Masson, responsable de la commission enfance, éducation et formation. A lire en cliquant ici
Lors de la campagne des élections municipales, la question des rythmes scolaires a été posée mais, bien souvent, de façon à alimenter des polémiques politiciennes alors qu’elle aurait mérité, au contraire, un vrai débat de fond associant l’ensemble des acteurs concernés, y compris les parents d’élèves. Quel est l’intérêt éducatif pour les enfants ? Voilà le prisme à partir duquel il convient d’envisager les rythmes éducatifs et leur déclinaison concrète. Voilà la question que tous les acteurs éducatifs doivent se poser. Encore faut-il qu’ils puissent être réunis durablement autour de la même table, sans exclusive - parents, enseignants, associations, communes, citoyens, secteur médico-social - sans confier les décisions aux seuls experts. Ce dont les enfants ont besoin avant tout, c’est que les adultes se mettent d’accord sur des projets communs pour leur bien-être.
Comment lutter contre les inégalités ? Voilà l’autre grande question qui devrait animer toutes les réflexions. Si le nouveau ministre de l’Education nationale, Benoît Hamon, a raison de porter cette exigence pour l’école, n’oublions pas que les inégalités s’élaborent aussi en dehors d’elle. Tous les enfants ne vivent pas les mêmes expériences : découvrir des activités culturelles ou sportives variées, s’éloigner pour un temps de la cellule familiale, partir en vacances. Tout cela contribue, dès le plus jeune âge, à la construction individuelle de chacun. D’où l’importance des activités périscolaires qui, décidées collectivement pour répondre aux besoins spécifiques de chaque territoire et accessibles gratuitement, contribuent indéniablement à l’enrichissement de tous.
Pour préparer la rentrée de septembre 2014, trois défis politiques immédiats s’imposent. Il faut sortir de l’inquiétude généralisée - voire de la guerre des tranchées et des affrontements stériles.
Qui décide ? Qui contrôle ? Il faut donner plus de souplesse, revoir et compléter les deux décrets de janvier 2013 et août 2013 pour instaurer une liberté de choix entre le mercredi et le samedi, donner la possibilité de libérer un après-midi par semaine pour des projets ambitieux, qui nécessitent des déplacements ou peuvent créer des emplois qualifiés permettant aux écoles de communes isolées de partager plus facilement des solutions.
Comment recruter davantage d’animateurs ? Raisonner sur le seul champ périscolaire est une erreur. Il faut aussi penser à l’animation occasionnelle qui a lieu pendant les vacances. Pourquoi ne pas proposer la création d’un statut de l’animation volontaire, comme le réclament, depuis des années, des associations à but non lucratif ? Une telle réforme ne coûterait rien à l’Etat mais sécuriserait le secteur des colonies de vacances en donnant aux jeunes volontaires des rémunérations correctes.
Comment inciter les communes à investir le champ des activités périscolaires - dont l’organisation de la cantine ? Voici un enjeu politique fort, qu’il faut aborder en dehors de toute urgence et pas sous le seul angle de la pérennité de son financement. Une loi d’orientation sur l’éducation partagée permettrait de réduire durablement les tensions entre les communes et l’Etat, entre les enseignants et les animateurs, entre les parents et les institutions. Il faut un acte II de la refondation.
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